A la recherche des « bêtes »

Thème des jours à venir: trouver des animaux à voir. Terrain de jeu: la région des Catlins et de Dunedin, avec sa péninsule d’Otago. Mode opératoire: squatter les bons spots pour observer toute vie animale.
Départ: pas très loin, le terrain de camping de la nuit… qui se trouve idéalement en bordure de plage, encadré de belles falaises blanches contre lesquelles la mer vient se briser avec fracas. L’endroit semble aussi visiblement prisé des surfeurs, avec qui nous partagerons le terrain herbeux, autour cette fois-ci d’un feu bien plus réussi que celui de la veille. Au petit matin, la météo est mitigée, un vague air de Normandie flotte sur la côte partiellement embrumée où la mer d’un gris uniforme ne lance plus de rouleaux aussi féroces que la veille à l’assaut du sable.

image

Les surfeurs ont déjà déserté le lieu, on prend le temps d’explorer la plage, étant coincé sur le terrain par une course-rallye ayant lieu sur la gravel road empruntée la veille pour y arriver (les petits veinards qui choisissent pile le bon jour…) . Un groupe de lions de mer y paraisse au loin, que l’on prend au premier abord pour un tas de rochers, mais oh, surprise, ça bouge! La flemme de retirer les chaussures pour traverser le petit torrent qui s’est formé à marée montante l’emportant sur la volonté d’aller voir tout ça de plus près, on se dit qu’on en verra d’autres et nous partons vers les autres points stratégiques. Le paysage alentour est très vert, très vallonné, couvert de gros moutons mérinos croulant sous leur épaisse laine, et entrecoupé de beaux lacs. Définitivement une vraie Normandie des bocages.
La plage de Surat Bay nous promettait lions de mers et phoques à profusion, nous n’y rencontrerons qu’une vache morte. Déprimant. La côte et la plage sont belles, mais le ciel se charge de plus en plus de nuages et prend une couleur gris plomb qui ne présage rien de bon.

image

Le prochain arrêt, Nuggets point, est le phare du bout du bout de l’île du sud, offrant des vues dégagées sur les baies alentour et sur une série de rochers qui semblent avoir été lancés au hasard dans l’eau du haut de l’éperon rocheux où il se situe. Ce sont les fameuses « nuggets » (pour les incultes comme nous qui ne connaissions que ceux de poulet et qui ne voient pas non plus le rapport, google traduction nous a illuminé en nous apprenant que la véritable signification du mot est « pépite »).

image

En tout cas, toujours pas de bestiole à l’horizon, hormis les sempiternelles mouettes et un phoque surnageant désespérément dans une bassine d’eau à 100mètres en contrebas.

image

Roaring bay, à même pas 1 km de là, nous promet des yellow eyed pinguins, seuls et uniques en Nouvelle Zélande, espèce en danger. Problème: ils ont la bonne idée d’être timides, de ne rejoindre la côte qu’à partir de 16h, de n’être observables que depuis une plate forme lointaine. On est de plus à la période de l’année où ils sont le moins nombreux et…il se met à pleuvoir. Dépités par la faune locale qui refuse de se donner à nous, nous partons donc sur des activités moins passionnantes dans le village voisin (internet, laverie…). Échec pour le moment.
On reprend la route vers Dunedin quand quelques temps plus tard ressort de nouveau un soleil radieux et on se dirige vers la péninsule d’Otago qui lui est accolé, en espérant être plus chanceux. La météo est très étrange, de gros nuages épais restant assez bas, dès que nous prenons un peu d’altitude sur la péninsule (la route est très collineuse), on se retrouve dans un épais brouillard digne du fog londonien, mais sitôt sortis, de grosses trouées de soleil et de ciel bleu changent complètement la donne. Le spot choisi, Sandfly bay (ouf, heureusement aucun rapport avec les sales insectes, seulement une histoire de sable qui vole à cause du vent), est censé regorger de ces fameux pingouins aux yeux jaunes, de phoques, etc…

image

Je vous laisse deviner la suite: rien. Rien de rien. Bon, le paysage est magnifique au coucher de soleil, les nuages qui tombent dans la mer, les falaises rougeoyantes, les moutons mérinos « moutonneux  » à souhait dans les verts pâturages, mais quand même, pas une bête sauvage. Alors qu’il est la bonne heure. Damned. Re-dépités, on repart vers un camping au nord de la ville, le bilan de la journée maigre en animaux en travers de la gorge… La nuit porte conseil parait il, l’inspiration des explorations du lendemain sera peut être plus payante?
Réveil tardif, on l’a compris, les animaux ne reviennent à terre que l’après midi, alors autant mettre toutes les chances de notre coté. On explore Dunedin, une ville vraiment sympathique, quelque peu en ensommeillée en ce dimanche matin, mais rien de surprenant. Pour la première fois, une vraie belle ville, avec des bâtiments victoriens d’époque conservés, des églises anglicanes qui en jettent et une place centrale toute mignonne entourée de cafés « in ».

image

On craque pour un cappuccino (le manque de caféine quotidienne que ne compense pas le mauvais lyophilisé commence à pointer fortement le bout de son nez), le temps de lire la presse locale et de tenter de rester en connexion avec le monde, puis craquage n°2 à l’usine Cadbury, qui même si elle ne fait pas le meilleur chocolat du monde (très loin de là) offre un substitut appréciable à nos estomacs en manque de bonne bouffe.

image

A l’heure jugée raisonnable, nous repartons pour la péninsule d’Otago, sa route côtière tortueuse ensoleillée sous un beau ciel bleu, de très belles vues et peut être à la clé, des animaux (vivants!) enfin? La Jackson bay sera effectivement payante: quelques centaines de mètres de marche, et on se retrouve nez à nez avec un énorme lion de mer, supposé mâle vu le gabarit. La version néo zélandaise de cet animal n’est pas très engageante avec son gros museau aplati qui lui donne un vague air de gobelin.

image

En tout cas, vu la taille du bestiau, on garde une distance respectueuse avec lui, il semble un peu grognon lorsqu’on le dérange pendant sa sieste… Un peu plus loin paraisse toute une colonie de phoques à fourrure, tellement proches, peu farouches et mignons qu’on a envie d’aller les caresser pour vérifier si leur fourrure est bien si douce qu’elle le semble. On les laissera pareil à distance raisonnable, un bâillement étonné de l’un d’eux laissant entrevoir de belles dents pointues…

image

La plage est belle, enfin un peu de vie animale, pari réussi! Il manque deux trophées à ce challenge, que nous tentons de rallier au point le plus extrême de la péninsule, les albatros et les pingouins bleus (le plus petit pingouin du monde!).

image

Il faut normalement payer pour observer la colonie d’albatros dans le centre qui leur est réservé, mais pas besoin d’y rentrer finalement comme on le constate à la foule au grillage, ceux ci jouent avec les courants d’air au dessus du parking du centre et s’y montrent de toute leur envergure lors de leurs prouesses aériennes.

image

La plage des pingouins située juste en contrebas nous semble compromise: un groupe de japonais/corééns/chinois (bref aucune idée) joue en effet du réflecteur et du réflex ultra perfectionné, pour réaliser…des portraits de chacun avec un phoque un mètre derrière. Une partie de la zone rocheuse est en effet inaccessible pour la tranquillité de ces derniers, mais certains préfèrent jouer aux stars sur la zone libre devant les objectifs asiatiques. Malheureusement aucun d’entre eux ne semble tenir compte des recommandations de distance à respecter entre eux et les animaux, c’est à qui mettra sa tête le plus près pour la photo…

image

On préfère les laisser se prélasser tranquillement sur leurs rochers sous la lumière déclinante, abandonnant l’idée de voir des pingouins, car il semble peu probable que l’un d’eux est l’idée suicidaire de venir sur la plage tant que leurs prédateurs s’y trouvent.
Le bilan est finalement plutôt positif pour cette deuxième journée, il manque les pingouins, mais on en avait eu un plus que bon aperçu en Patagonie, alors tant pis, même si ce ne sont pas les mêmes. On fera un dernier spot plus orienté escalade pour le coup dans cette belle journée, Long beach. Des cavernes creusées dans la falaise jalonnent la plage tout du long et elles se révéleront bien utiles lorsque la météo décida de changer de nouveau et qu’un grain énorme nous tombe dessus au même moment que le coucher de soleil. Coincés dans une caverne, Séb aura droit à une demi heure de gimpe avant que la nuit ne tombe définitivement et qu’on n’y voit plus rien dans cette grotte.

image

La pluie a au moins eu le temps de se calmer et nous laisse rentrer à la voiture presque au sec, après une traversée de la plage avec des airs de « La route », seuls sous la lune qui est bien la seule à briller ce soir.

2 réflexions sur “A la recherche des « bêtes »

  1. Aller aussi loin pour voir des Mérinos (qui sont en fait des croisés mérinos) ! Il suffisait d’aller à la bergerie nationale de Rambouillet ou subsistent les descendants du troupeau de Mérinos arrivés sous Louis XIV, qui a servit de source pour exporter la race mérinos à travers le monde et qui est aujourd’hui le seul troupeau de mérinos purs génétiquement. Il fallait bien que je fasse ressortir mon côté aigrie !!
    besos los chupitos

    J’aime

Laisser un commentaire