Ich bin ein Berliner

Pour faire une transition en douceur vers le retour, nous prolongeons notre stop de quelques heures à l’aéroport en quelques jours chez Alex, qui a la gentillesse de nous accueillir chez lui à Berlin après Moscou.

Berlin

On finit décidément bien le voyage, sur des lits conforts, comme des rois chez les copains!

Berlin

Le dernier portrait du voyage!

Berlin, on a tous les deux déjà expérimenté, du coup, on se ballade tranquillou et on profite de nos derniers jours pour flâner dans les différents quartiers de la capitale sous le soleil.

Berlin

Bien sur, il y a les incontournables: les vestiges du mur avec Checkpoint Charlie, la porte de Brandebourg, le Reichtag, l’église du souvenir…

Berlin

Avec le McDo en ligne de mire, on a un peu de mal à se projeter 50 ans plus tôt ici…

Berlin

A Berlin, même les églises sont design!

Des terrasses du bord de la Spree pour tester quelques bières allemandes aux collections antiques du musée de Pergame, il fait bon vivre ici.

Berlin

La ville est aérée, très diversifiée selon le quartier visité: ultra bourgeois vers Charlottenburg, bien « punk à chien » à l’Est de Berlin, en passant par des galeries commerciales à l’architecture très design.

Berlin

Berlin

Les touristes sont omniprésents, Berlin a la côte!! Une bonne transition en douceur vers Paris en tout cas, ça parle français partout! Nos concitoyens semblent avoir quitté le pays pour notre voisin fan de bières et de saucisses. On les comprend, il est bien agréable de pique-niquer dans le parc du château de Charlottenburg, de chercher les derniers vestiges du mur ou de flâner dans le Berlin historique du quartier Saint Nicolas.

Berlin

Le contraste…

Berlin

Une dernière currywurst à Alexanderplatz, une dernière paire de Birkenstock achetée et il est l’heure de notre dernier avion… Bye bye Berlin, merci pour l’accueil!

Berlin

Et non, il y en avait encore un de portrait! Le dernier du voyage pour de vrai!

Moscou et son anneau d’or

Encore une descente de train matinale, mais celle-ci a un petit goût particulier. C’est la dernière du voyage, car nous voici à Moscou! Dès qu’on descend sur le quai, nous sommes envahis par le sentiment du retour, car on se sent totalement en Europe. Ici, la visite de la ville commence à peine le premier escalier descendu, dans le fameux métro. On en avait entendu des choses dessus et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est bien le plus beau du monde! Même si on ne les a pas tous testés, à moins que les autres ne se rapprochent d’un palais, il y a peu de chances qu’ils surpassent en esthétique ce que l’on a sous les yeux.

Moscou

Pour notre (avant) dernier stop, nous avons de la chance, nous ne logeons pas dans une auberge ou un hôtel lambda, mais nous sommes accueillis par notre tsar Nicolas dans son palais. Appartement immense au 14ème étage avec une vue imprenable sur la ville, la vie d’expatrié, ça a quelques avantages quand même. Étant donné qu’on a quasiment 5 jours sur place, on va prendre notre temps pour visiter la ville. On se contentera d’un tour dans le centre autour de la place rouge dans le vieux quartier de Kitaï-Gorod le premier jour, ce qui nous a bien enthousiasmé, puisque la ville est bien loin du cliché soviétique que l’on imaginait.

Moscou

Moscou

De la place Tiananmen à la place rouge, plus de 8000 km parcourus et quel changement… La place est entourée du Kremlin, contre lequel se trouve le mausolée de Lénine, de la cathédrale Basile le bienheureux (les coupoles Disneyland!), ainsi que des splendides galeries commerciales GOUM dans leur bâtiment d’époque.

Moscou

Moscou

Et puisqu’on était frustrés que le Bolchoï soit fermé durant le mois d’Août, on s’est vengé le soir même en allant voir « Casse-Noisette » au RAMT (le théâtre des jeunes juste à côté). On ne pouvait pas être en Russie sans voir un ballet, surtout un en costumes et sur musique de Tchaïkovsky!

Moscou

Le Bolchoï malheureusement porte close…

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Mais le RAMT ouvert avec sa saison d’été des ballets!

La ville a beaucoup d’attrait, des rues animées, des parcs verdoyants, des musées intéressants.

Moscou

Le Kremlin quant à lui est immense, et encore une fois parsemé d’églises qui se détachent bien dans le magnifique ciel bleu. Mais il ne se laissera pas visiter facilement, puisqu’on s’y est rendu la première fois le jour de la fermeture hebdomadaire… Mais comment deviner qu’un monument ferme le jeudi??? Nous voilà bien dépourvus, le temps de modifier les plans. C’est finalement vers l’Arbat (la rue commerçante de Moscou) que nos pas nous mènent,

Moscou

L’Arbat et ses jolies statues

puis vers le parc de sculptures en plein air du Mouzéon, un curieux mélange de sculptures contemporaines et anciennes, dont de nombreux bustes de personnages politiques ayant été déboulonnés de leurs socles d’origine après la chute de l’empire soviétique.

Moscou

Moscou

Un curieux mélange de styles!

Nous nous promenons ensuite dans le parc Gorki qui lui est attenant, le rendez-vous semble t’il de tout Moscou en vacances au cours de cette belle journée ensoleillée. Skate-park, parterres fleuris, cinéma en plein air, café, on y trouve tout et pour tous les goûts!

Moscou

On profitera des dernières heures de l’après-midi pour visiter la nouvelle galerie Tretiakov consacrée à l’art du 20ème siècle en Russie, une évolution dans le temps intéressante quand on la rattache à l’histoire mouvementée du pays.

Moscou

Puis il est temps de rejoindre Nico, en profitant d’un beau coucher de soleil sur les environs, la Moskva, le Kremlin et la statue totalement disproportionnée de Pierre le Grand.

Moscou

Moscou

Moscou

Un dîner géorgien, un cocktail dans un bar branché de Strelka, le séjour à Moscou ne se déroule pas trop mal.

Moscou

Direction Serguiev Possad le lendemain, une des villes de « l’anneau d’or » qui entoure Moscou, sacrée pour toute la communauté orthodoxe grâce à sa Laure (oui, nous non plus, on ne sait vraiment pas pourquoi ça s’appelle comme ça!), sorte de monastère assez spectaculaire.

Moscou

Moscou

Tous les russes sont fans de son eau bénite et s’en donnent à cœur joie autour de la fontaine miraculeuse, ou bien embrassent des reliques sous verre d’un autre temps avec une piété sans bornes.

Moscou

Intérieur comme extérieur des églises sont superbes, l’ensemble en jette, c’est le moins qu’on puisse dire.

Moscou

Moscou

On profite de l’armée de grands-mères qui vendent leur potager sur le parvis de la gare pour se faire une orgie de fruits rouges durant le trajet de retour à la capitale, puis se cuisiner un bon gueuleton le soir même. Séb et Nico iront ensuite expérimenter les folles nuits moscovites jusqu’à bien après le lever du soleil (plus facile en été, il se lève vers 4 heures, mais tout de même…) et la journée démarrera donc bien tard le jour suivant…

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C’est donc après un difficile réveil tardif qu’on partira (enfin) voir le Kremlin, qui a la bonne idée d’être ouvert le Samedi, et surpeuplé de touristes aussi. La visite n’en reste pas moins plaisante, avec un bel ensemble de cathédrales, le fameux clocher immense qui les surplombe, les jardins, les canons volés aux français (ils ont une sacrée dent contre Napoléon tout de même)…

Moscou

Moscou

Moscou

On flâne sous le soleil, profitant de cette dernière journée à Moscou. On conclura la journée par un petit tour sur le marché d’Ismaïlovo, un joyeux bazar où l’on trouve de tout, le royaume du touriste en recherche de matriochkas et autres souvenirs. Et puis, parce qu’une folle nuit moscovite ne suffit pas, on part sur une deuxième, en compagnie de 2 collègues de Nico et de leurs compagnons respectifs après un autre restaurant géorgien (on y prend gout!). Strelka, qui semble être l’endroit branché à la mode du moment remplit ses promesses: un ensemble de bars et boites se sont installés dans une ancienne usine en plein cœur de la ville pour le plus grand bonheur des moscovites.

Moscou

Dancefloor sur rooftop, cocktails avec trop de vodka et musique électro, on se croirait…à Paris? La différence, c’est la population autour, une concentration de blondes perchées sur des talons improbables (en plus de leur mètre 80 de base) en tenue de soirée, apprêtées, leurs homologues masculins n’étant définitivement pas à la hauteur (dans tous les sens du terme). La petite anecdote qui va bien: on nous laisse rentrer habillés comme des pouilleux (avec nos fringues de voyage quoi), dans un groupe de 7 majoritairement masculin en nous souhaitant la bienvenue, quand des groupes de filles se font refouler… Le monde à l’envers la Russie! On rentrera avec le lever du soleil, au moins on en aura profité jusqu’au bout de notre séjour Moscovite…

Nouveau

Nous sommes le 10 août, normalement la fin du voyage… et bien non! Nous avons prolongé de 3 jours, en transformant l’escale aéroportuaire de Berlin en arrêt sur le trajet pour rendre visite à Alex et manger quelques saucisses. Fin du voyage le 12 août donc.

Sur le blog, une petite nouveauté comme vous avez déjà pu le remarquer, 2 nouvelles rubriques :

-« Bilan », où l’on fait un résumé de ce qu’on a aimé / pas aimé dans les zones traversées

-« Informations pratiques » où vous trouverez toutes les informations pratiques que l’on aurait aimé connaître avant de partir. La publication se fera au fur et à mesure. Dans un premier temps vous saurez tout sur le trajet transmongolien-transibérien.

Kazan et le Tatarstan

Nous laissons la Sibérie et ses kilomètres de taïga à perte de vue pour rejoindre après un long trajet de train la région du Tatarstan et sa capitale, Kazan. On est contents d’arriver, le train c’est bien, trop de train, c’est moins bien! Il est tard, la gare de Kazan est magnifiquement illuminée, mettant en valeur ses murs en brique sous la fine pluie qui nous accueille…

Kazan

On rejoint avec une autre française croisée dans le train notre hôtel, heureusement non loin, et tentons d’organiser une façon simple et intelligente de retrouver Anna et sa fille le lendemain matin. Oui, parce que c’est la bonne surprise de ce trajet, Anna, ma correspondante russe rencontrée il n’y a pas loin de 20 ans et revue pour la dernière fois à Paris il y a presque 10 ans, maintenant mariée et mère de 2 petites filles, a décidé de nous rejoindre depuis Togliatti pour passer ces 3 jours à Kazan avec nous.
On rejoint donc notre guide personnelle et sa petite Marianna de 8 ans en plein centre ville, on se reconnait, on est toutes les 2 bien contentes de cette opportunité inespérée de se revoir, bref, tout va bien…

Kazan

Direction le centre névralgique de Kazan, le kremlin (forcément) avec…son immense mosquée!

Kazan

Et oui, le Tatarstan, c’est une région un peu particulière de Russie, très autonome, avec plus de la moitié de la population composée de tatars, descendants de turcs, et musulmans. Les panneaux des rues, les cartes des menus, les explications touristiques, tout est donc bilingue russo-tatar ici. La rue piétonne que nous empruntons est bien jolie et confirme l’impression que nous avions eu en arrivant la veille de la gare: la ville est pleine de très beaux bâtiments d’époque, et surtout en très bel état.

Kazan

Elle accueille lors de notre passage les championnats du monde de natation, il y règne donc une joyeuse agitation internationale, les différents membres des teams de tout pays profitant de pause dans les compétitions pour visiter la ville tout comme nous. Ça a d’ailleurs été une vraie galère pour trouver un hébergement, et nous avons ce matin du changer d’hôtel avant de rejoindre Anna pour nous retrouver dans une très étrange pension « soviético-soviétique », tenue par une grand-mère hors d’âge et dont l’appartement sent fort la litière pour chat. Le tout, dans un immeuble sans aucune indication, heureusement que quelqu’un s’y rendait au moment où nous sommes arrivés et nous y a dirigé… Bref, passons, ce sont des choses qui arrivent, et puis on va pas beaucoup la voir de toute façon cette pension!

Kazan

La mosquée monumentale qui trône dans le kremlin est en fait très récente, puisqu’elle date de 2005. Avec ses flèches vertes et dorées, entourées par les remparts impeccablement blanchis de la cité fortifiée et cotoyée par les cathédrales à bulbes orthodoxes, elle se mixe étonnement bien avec le reste.

Kazan

Kazan

Tout le coin est impeccable, on sent que la ville a fait d’énormes efforts de rénovation ces dernières années (elle accueille entre autres la prochaine coupe du monde de foot) et ça paie. Les églises brillent, les statues en imposent et la vue sur la Volga n’est pas des plus désagréables. On aperçoit même le plongeoir des championnats de natation depuis les remparts!

Kazan

Kazan

Après toute cette marche, pause déjeuner dans un restaurant russe tendance Asie centrale où Anna nous éclaire sur certains mystères du menu: découverte de l’okrochka (une version russe du gaspacho, mais carrément moins bon, qu’on peut choisir au kvass ou au yaourt), des mantis (sorte de très gros raviolis au mouton qui rappelle un peu trop la non-gastronomie mongole à notre goût)… De son propre chef, elle nous dira qu’on ira faire un vrai bon resto ce soir, histoire de ne pas rester sur l’impression mitigée de ce midi! Et puis on s’aperçoit aussi que le nourriture et sa fille c’est compliqué, elle aura au final de la journée ingurgité nombreux sodas, glaces, gâteaux et frites, pour le reste… Il semblerait que la politique de la famille soit que si ton enfant ne finit pas son assiette, et bien c’est pour le papa ou la maman!

Kazan

On visite l’après-midi le musée d’histoire du Tatarstan et de Kazan, un peu trop en russe au goût de Séb, mais intéressant, qui nous renseigne sur l’évolution de cette région, colonisée par des peuples d’origine turque, envahie par les mongols, puis reprise par quelques russes explorateurs quelques siècles auparavant, pour aboutir à la version d’aujourd’hui, ce qui a tout de même fait de Kazan la troisième ville la plus riche du pays, et ça se sent. Rien à voir avec la Sibérie d’où nous arrivons ici! On y a aussi trouvé quelques pièces rigolotes, une grande partie de l’histoire de la Russie étant en lien avec la France et les guerres Napoléoniennes du début du 19ème siècle.

Kazan

On continue ensuite notre promenade à travers la ville, croisant églises richement décorées, bibliothèque devant laquelle trône fièrement le « jeune » Lénine, parcs ornés de statues et étonnants musées (des jeux automatiques soviétiques!).

Kazan

Le temps de prendre une bière en terrasse au soleil couchant (un fanta pour Marianna, quand même, on n’est pas des sauvages!) en papotant, on traverse la ville pour aller dans un resto tout ce qu’il y a de plus russe au niveau du décor: kitsch à souhait, karaoké au rez de chaussée, lumières improbables à l’étage et une armée de serveurs sur les dents autour de nous. La cuisine par contre tend elle plus Asie centrale, et c’est très bon: quantité de pains un peu briochés au fromage, shashlik (brochettes) d’agneau avec légumes grillés, aïran (genre de yaourt aigre à la ciboulette à prendre en boisson, surprenant), dolmas (comme des feuilles de vigne grecques mais moins assaisonné, décevant)… Bref, on mange à la russe, plein de plats sur la table (trop) en picorant de tout! Il nous faudra bien les 40 minutes de marche pour rentrer dans notre dortoir improbable pour digérer tout ça.

Kazan

Anna nous ayant rejoint en voiture à Kazan, on profite de l’occasion pour se faire le lendemain une excursion à une soixantaine de kilomètres de là sur l’île de Sviajsk. La route emprunte des ponts monstrueux sur la Volga, qui s’étale sur des kilomètres dans une genre de grande plaine inondée, incroyable la largeur que prend ce fleuve avec les barrages construits en aval. L’île (en fait presqu’île) où nous allons se trouve justement délimitée par la jonction de deux rivières, formant un joli réseau d’îlots herbeux tout autour.

Sviajsk

Sviajsk

L’endroit est très beau, serein après l’agitation de Kazan, très orthodoxe aussi. De grandes églises et cathédrales, en bois, peintes, avec leurs bulbes colorés et brillants, des maisons en bois pour loger les quelques centaines d’habitants du lieu, très peu de voitures, un monastère, c’est paisible.

Sviajsk

Sviajsk

Sviajsk a servi pendant la guerre, puis pendant la période soviétique de base pour les militaires et ses bâtiments ont donc fréquemment changé d’occupation au cours des années, de monastère à infirmerie puis garnison, mais aujourd’hui, ils ont été restaurés et ont repris leurs activités initiales.

Sviajsk

On profite de la balade sous un beau soleil, on flâne, les touristes sont finalement peu nombreux et il fait bon se promener dans cet endroit.

Sviajsk

Puis retour à Kazan où nous terminons tranquillement la journée dans un café et en se baladant dans les boutiques de la rue piétonne, un vrai repère pour touristes en manque de souvenirs ridicules…

Suite à la proposition d’Anna, nous avons modifié nos billets de train Kazan-Moscou du lendemain en Togliatti-Moscou et reprenons donc la voiture avec elle direction sa ville d’origine. Cela nous permet en effet de nous arrêter visiter l’ancienne cité de Bolgar sur le chemin, et lui évite à elle de devoir nous ramener sur Kazan ensuite. La route est plus longue cette fois, on peut encore une fois s’ébahir devant la largeur acquise par certains fleuves et rivières qui prennent des proportions gigantesques dans ces grandes plaines où rien ne les arrête, inondant tout devant eux. Bolgar, comme nous l’avons appris au musée visité à Kazan, c’est une des anciennes capitales de l’ancien empire tatar, lorsqu’il était sous domination turco-mongole.

Bolgar

On s’attend donc à quelque chose très différent de la veille. Pour être différent, c’est différent, il n’y a…rien. En fait, c’est le problème de ce genre de sites historiques qui se fait classer par l’UNESCO et dans lequel tout est tellement vieux qu’il n’y a en fait rien à montrer. Le peu de ruines présentes est en fait reconstruit et ce qui n’est pas reconstruit, et bien, ce sont 3 pavés disposés précautionneusement sur le sol. Pas folichon…

Bolgar

En langue tatar

Ça manque d’explications qui pourrait rendre le site attrayant en expliquant son histoire, ses origines… Tout est en russe et c’est assez succinct. En gros, en creusant pour construire des églises, ils sont tombés sur des vestiges de l’époque et les ont mis dans le musée que nous allons visiter, tentant d’en savoir plus. Bon, c’est moins succinct, mais toujours en russe, et surtout, c’est le musée pas du tout grand public, mais complètement branché archéologie, à détailler le moindre caillou retrouvé.

Bolgar

C’est pas franchement notre tasse de thé et puis on a plus trop le temps, alors on file voir la mosquée construite récemment non loin et qui en jette, puis on décampe.

Bolgar

C’est la course pour rejoindre Togliatti, il semblerait que le temps de trajet ait été sous estimé… On arrivera in extremis à la gare, Anna nous jette dans le train et on a à peine le temps de se dire au revoir, mais c’est bon, nous sommes dedans! C’est le dernier trajet ferroviaire de notre parcours depuis Pékin, et pour cette fois, nous sommes en kupe, soit en compartiment de 4, fermé, lits plus grands et tout confort, le luxe. Une bonne clôture de ces 3 jours de découvertes du Tatarstan très agréables et une bonne nuit de sommeil qui nous mène vers notre étape finale, Moscou!

A la capitale (de Sibérie…)

De Krasnoïarsk, on attaque notre plus long trajet en train du voyage, 30 heures de train, puis 3 heures supplémentaires après 2 heures d’attente à Tioumen et changement de train  pour Tobolsk, un peu à l’écart de la ligne principale.

Marinsk

Une des gares sur le chemin, où l’on s’arrête 30 min. On ne s’étonne pas pourquoi on met si longtemps après…

Le trajet est beaucoup moins rigolo que la dernière fois, car on se retrouve cette fois-ci face à une vraie bigote orthodoxe, qui nous permettra d’observer quelques uns des rites qui semblent propres à cette religion, et ça a l’air compliqué, vu le nombre de fois où il faut mettre un foulard sur sa tête, l’enlever, le remettre, se signer, dire des prières… Enfin, ça occupe les heures de train!

Tobolsk

Pendant ce temps à l’extérieur

Tobolsk

Elle en profite même pour nous conseiller les églises (forcément) à aller visiter en Russie, où trouver la meilleure eau bénite à coté de Moscou (celle qui guérit tout) et dans quelle boutique de paroisse faire ses emplettes pour ramener des cadeaux pour la famille…Avec tout ça, c’est bien fatigués et désorientés qu’on arrive à Tobolsk, l’ancienne capitale de la Sibérie. Il fait nuit, la gare en travaux est très… soviétique et nous sommes bien perturbés par le décalage horaire. C’est la première fois que l’on franchit 2 fuseaux horaires en transport terrestre, c’est assez déroutant. Gros mic-mac pour réussir à rejoindre l’auberge en bus, puisqu’une fois n’est pas coutume, elle est à 10 km du centre, mais on s’en sort grâce à la gentillesse d’une dame. Elle nous aidera à prendre le bon bus après s’être faits déposer par le premier au milieu d’un « nulle part » de la ville nouvelle, des étoiles s’allumant dans ses yeux pendant notre conversation lorsqu’elle apprend que nous venons de France, son rêve. Notre « mini-hostel » est proche de la vieille ville juste ce qu’il faut, et en pleine saison touristique, est totalement…vide. Les propriétaires, russo-kazak, sont fort sympathiques et on a presque de la peine pour eux que leurs lits soient à ce point désertés, l’endroit étant très propre et confortable.

Le lendemain, direction le Kremlin de Tobolsk, la raison pour laquelle on s’est écartée de la ligne principale.

Tobolsk

Tobolsk

Le site est grandiose, c’est tout simplement le plus beau monument qu’on ait vu en Russie. Il domine la vieille ville et le fleuve sur un plateau, la vue est donc superbe sur les alentours. Le site est assez grand pour le pays, le Kremlin, tout en pierre couverte d’un peinture blanche immaculée , a conservé ses fortifications et abrite deux églises aux dômes dorés et bleus étincelants, un beffroi et de grandes bâtisses.

Tobolsk

Y sont juxtaposés une ancienne galerie marchande qui a repris aujourd’hui une activité plus tournée vers le tourisme, le palais des députés et un complexe comprenant une bibliothèque et une prison.

Tobolsk

La galerie marchande

Le palais des députés abrite un musée intéressant racontant l’histoire de la Sibérie et le rôle de la ville de Tobolsk dans sa conquête. On y apprend surtout que les personnages principaux sont des exilés forcés et ce depuis fort longtemps, il n’a pas fallu attendre la période soviétique pour ça. Difficile d’imaginer la Sibérie comme l’enfer qui est décrit par ses habitants involontaires quand on la découvre comme nous en plein mois de Juillet, sous un beau ciel bleu ensoleillé. Dostoïevski et les Romanov, contraints à l’exil ici, n’ont certainement pas été du même avis que nous…

Tobolsk

Un illustre exilé bien involontaire, Dostoïevski

Ce sont tous ces émissaires de Moscou, gouverneurs et autres personnages haut placés qui ont pris le relais des premiers cosaques partis à l’aventure dans ces contrées inexplorées et ont réussi après d’énormes efforts humains et matériels à rendre cette partie du monde accessible et habitable. Tobolsk s’est par la suite tranquillement endormi sur ses lauriers au profit d’autres villes sur le tracé de la voie de chemin de fer, perdant progressivement son influence et gardant son aspect ancien préservé tel que nous le découvrons aujourd’hui.

Tobolsk

On est ensuite redescendus vers la vieille vieille pour aller de voir de près les bâtiments aperçus depuis le chemin de ronde. Malgré quelques belles églises, orthodoxes et catholiques, on devrait plutôt parler de ville abandonnée…

Tobolsk 

Vue sur la vieille ville depuis le Kremlin

De nombreuses bâtisses anciennes, en bois ou en pierres sont effectivement à l’abandon, mais non détruites, car classées monument historique.

Tobolsk

On y trouve par exemple la maison ayant accueilli les Romanov en exil, l’ancienne somptueuse demeure de Mendeleïev, mais si, rappelez vous, celui qui a fait la classification périodique que nous appréciions tant en cours de chimie…

Tobolsk

L’ancienne demeure de Mendéleiev dans la vieille ville

Tobolsk

La nouvelle…dans la ville nouvelle!

Et bien il est natif d’ici! Peu de gens semblent vivre actuellement ici, ayant délaissé cette partie de la ville au profit des bâtiments plus modernes de la ville nouvelle. La visite de cet endroit est donc un peu étrange, on a le sentiment que la ville a été laissé en plan à un moment donné de l’histoire et que plus personne ne s’en est occupé, préférant rebâtir une ville plus moderne à coté.

Tobolsk

On méditera sur ces propos à la terrasse d’un café, profitant de l’agréable soleil, notre mini-hostel ayant pour principal défaut de n’avoir quasiment aucune fenêtre (mesure contre le froid de l’hiver prédominant sur le besoin de lumière). Et puis on rentre, Tobolsk c’est joli, mais par contre, il n’y a vraiment rien à faire dans cette ville, mieux vaut ne pas trop avoir une âme de citadin pour vivre ici!

Le lendemain, direction Abalak, ville connue pour son monastère située à une demi heure de route. Le site est très similaire, à flanc de falaise, surplombant le fleuve.

Abalak

Abalak

Il s’agit de plusieurs églises une fois de plus blanches à clochers dorés et bleus, et bâtiments où vivent les moines et ceux qu’ils accueillent. Ceux-ci déambulent au milieu en habit long et noir, portant la barbe très longue et de grands chapeaux noirs sur leurs cheveux longs. L’endroit ne manque pas de cachet, dans son village en bois entouré à perte de vue de foret épaisse et vue dégagée sur les alentours. L’intérieur des églises est richement décoré, avec de belles fresques multicolores peintes au murs, de nombreuses icônes anciennes exposées, le tout illuminé par d’énormes lustres dorés.

Abalak

Abalak

Les personnes qui viennent prier pendant notre passage observent toutes scrupuleusement le même rite: elles se signent sur le parvis de l’église, dedans, devant les icônes, les embrassent, les femmes devant toutes porter foulard et jupe pour rentrer dans les lieux saints. On se demande par la même occasion comment se célèbrent les « messes » orthodoxes (s’il y en a?), l’organisation des églises semblant peu propices aux célébrations de groupe, étant donné que la pièce principale n’est pas très grande et qu’il n’y a de bancs nulle part. Bref, un mystère à résoudre, mais pas pour aujourd’hui.

On reprend le bus dans le sens opposé, puis direction la gare le soir pour de nouveau un trajet de 26 heures jusqu’à Kazan, le détour valait la peine de pousser jusqu’ici!

Dans les forêts de Sibérie

Il faut dire qu’elles en cachent de belles choses ces forêts. Notre arrêt suivant est Krasnoïarsk, connue surtout pour son parc national nommé Stolby  (traduction de « piliers » en français) à proximité de la ville. Le trajet de 30 heures est passé comme une lettre à la poste, nous n’avons curieusement rien eu le temps de faire. Comment est ce diable possible me direz-vous?! Et bien, c’était sans compter sur les rencontres improbables qui ont eu lieu dans notre wagon! Basile, jeune Suisse voyageur au long cours et nous-mêmes partageront en effet nos banquettes avec de nombreux ouzbéks, tadjiks et kazaks, sur le chemin de Novossibirsk pour le travail. Autant dire que ceux-là, ils sont joviaux et communicatifs, peu importe la barrière de la langue! C’est donc dans un joyeux mélange de russo-ouzbék-anglo-français que nous discuterons pendant des heures de choses diverses et variés, choquant entre autre le plus communicatif d’entre eux quand il apprend qu’à 30 ans nous avons l’impudence de n’être ni mariés, ni parents, et dormons pourtant dans le même lit… Le clash des cultures en somme.

Krasnoyark

Arrivés de bon matin à la gare, qui comme quasiment toutes les gares sur le trajet est splendide, avec fontaine et mosaïque sur le parvis central, une mafia de bohémiennes locales se chargent de nous accueillir, nous baragouinant des demandes incompréhensibles dans les mots, beaucoup plus dans les gestes. On s’en débarrasse et on rejoint notre auberge située non loin de là sous un beau soleil.

Krasnoyarsk

Suprise, celle-ci est quasiment vide, il semble que Krasnoïarsk soit un stop moins prisé des voyageurs du transsibérien. La première chose que l’on remarque c’est que la ville est vide, il n’y a quasi personne dans les rues et tous les commerces sont fermés. Ce qui parait bizarre pour un Lundi matin. Une fois ressortis, on s’aperçoit qu’on est en fait Dimanche, 8 mois de voyage ça n’aide pas à connaître le jour de la semaine. De même que l’heure, entre l’heure du départ locale, l’heure d’arrivée locale (puisqu’on a changé de fuseau horaire) et surtout l’heure des trains ou des gares qui sont tous sur l’heure de Moscou, ça devient complexe pour s’y retrouver.
Le reste de la journée, nous faisons un petit tour dans la ville pour voir ses principales curiosités, pas très nombreuses, comme les églises

Krasnoyarsk

et les quelques bâtisses intéressantes en bois ou art déco pour changer.

Krasnoyarsk

On finira par le marché de la ville, plutôt vide à cette heure de la journée. Le peu de gens qu’on croise semble plutôt se concentrer sur les rives du fleuve Ienisseï qui traverse la ville, profitant des gargottes ambulantes de nourriture ou du soleil pour se mettre au roller ou au vélo.

Krasnoyarsk

L’ambiance un peu déserte de la ville n’incite pas aux sorties nocturnes, on se cuisine donc une platrée de piélménis à la crème  pour dîner, tout en profitant de ce moment pour discuter avec quelques belges arrivés entre temps et faisant le voyage en sens inverse.

Le lendemain, on se lève assez tôt pour prendre le bus local direction le parc de Stolby. Nous qui croyions mettre quelques heures et galérer pour y aller, c’est finalement en moins d’une heure que nous nous y rendons, sous la grisaille et par temps frais. Première bonne surprise. Le parc est en effet collé à la ville, on en voit même les pistes de skis depuis le centre. C’est ensuite 7 kilomètres de marche en montée pour se rendre aux sites intéressants sous un temps qui se dégage. Deuxième bonne surprise. Par contre la mauvaise, ce sont les moustiques et les taons très voraces qui sont également de la partie, alors qu’on a laissé le bushman, anti-moustiques surpuissant ramené d’Australie, à l’auberge. On se consolera niveau faune sauvage avec la multitude d’écureuils peu farouches venant manger la nourriture laissée par les promeneurs dans des petits abris en bois qui leur sont dédiés.

Krasnoyarsk

Un d’eux nous volera même un biscuit lors d’une minute d’inattention pendant le pique-nique! Une fois arrivés au bout de la route, on s’aperçoit vite que le lieu est très aménagé : une énorme passerelle en bois mène au premier site, il y a des panneaux et balises de sentiers partout. Au moins, on ne va se perdre!

Krasnoyarsk

Arrivés au premier rocher, troisième bonne surprise. Il y a du caillou partout pour grimper! Séb n’avait jamais entendu parler d’un site d’escalade en Sibérie, comme quoi on en trouve partout. L’endroit est en fait une succession de collines avec au sommet de chacune un sorte de monolithe rocheux (d’où son nom de « piliers »), avec au pied de ceux-ci des blocs disséminés dans une belle forêt.

Krasnoyarsk

Un peu comme Fontainebleau me direz-vous, mais non c’est beaucoup plus grand. Ce sont de vraies collines, et le monolithe le plus haut tutoie les 100 mètres de haut. La qualité du rocher est excellente, même meilleure que beaucoup de sites « world class » déjà visités, c’est dire le potentiel. A notre arrivée l’endroit est quasi désert, mais au cours de la journée, il se remplira assez vite. On a trouvé où étaient cachés les habitants de Krasnoïarsk la veille… Normal, vu la beauté du lieu, avec un accès si aisé depuis la ville.

Krasnoïarsk

Nous faisons un tour du massif, cherchant les piliers identifiés par leurs formes caractéristiques, et surtout, Séb en profite pour grimper les blocs qui s’y prêtent. Il s’agit d’un site d’escalade historique en Russie: de nombreux blocs sont ouverts, mais il y a également des voies et même des grandes voies. Le potentiel de trad a l’air lui énorme vu le nombre de fissures dans les monolithes.

Krasnoyarsk

On recroise nos Belges sur le chemin plusieurs fois, ils ont l’air d’apprécier le site aussi vu leurs airs ravis! On tente un autre chemin pour redescendre, bien moins emprunté, une ballade dans la broussailleuse forêt locale qui tient plus de la trace que du vrai sentier, mais nous arriverons à bon port tout de même.

En redescendant, on s’étonne du nombre de personnes, dont des familles avec bébés, personnes âgées etc. allant dans le sens opposé vu l’heure tardive. Y aurait il une célébration que nous sommes en train de manquer en haut des piliers?? L’endroit semble faire l’unanimité en tout cas! Après un échec de changement de bus sur le retour, nous voilà rendus à l’auberge que nous avons pour nous tous seuls ce soir, le propriétaire a visiblement disparu aussi, ils sont détendus ici…

Le Paris sibérien et sa mer intérieure

Le train nous mène depuis Oulan-Oude sur sa plus jolie portion jusqu’à Irkoutsk, contournant le lac Baïkal et ses eaux translucides. Le trajet est superbe, longeant parfois la rive de tellement près qu’il suffirait d’ouvrir la fenêtre pour prendre son bain!

Baïkal

Cette partie du lac dispose du rivage le plus propice à la baignade, nombreux sont donc les Russes à braver l’eau froide pour profiter de leur mer à eux. Qu’importe qu’elle soit à 15° quand elle est d’un magnifique turquoise semblent-ils nous dire pour nous narguer, tandis que nous les regardons depuis notre wagon, entre deux parties de coinche.

Lac Baïkal

Nous décidons d’opter pour une activité très pittoresque du lieu dans une des gares rencontrées, Slioudanka. Celle-ci consiste à goûter de l’omoul fumé, délicat poisson cousin de la truite et du saumon, endémique du lac Baïkal.  Un délice au palais, moins pour celui qui se colle à son « dépiautage » à la main, ne disposant pas franchement des outils adéquats… Nous embaumerons donc notre wagon de ces bonnes odeurs pendant quelques heures, puis abdiquerons face à la taille du poisson, se réservant le reste en vue de prochains apéritifs. Le paysage qui suit les rives du Baïkal est tout aussi charmant, des maisonnettes en bois avec leurs jardins où poussent tomates, cornichons et salades en quantité, où l’on peut observer d’un œil indiscret la vie quotidienne des habitants, même si ces derniers sont étrangement peu nombreux. Et voilà que sont pris sur le vif un bain de soleil en maillot dans le jardin, la sieste d’une babouchka ou les jeux d’eau des enfants en vacances.

Baïkal

Ces étendues de maisons en bois finissent par mener à la ville d’Irkoutsk, surnommé le « Paris sibérien », mais qui n’a pas grand chose en commun avec la ville-lumière qu’on connaît si bien au premier abord. La gare est grandiose, tout est fait pour en mettre plein la vue, nous la quittons à bord d’antiques tramways pour rejoindre notre hostel.

Irkoutsk

Celui-ci, joli, propret, avec des réceptionnistes parlant anglais ne disposerait pas de défaut si sa propriétaire n’était pas totalement psychorigide et souffrant d’incontinence verbale (peu importe que l’on comprenne ce qu’elle raconte ou pas d’ailleurs, cela ne l’arrête pas). Nous passons le reste de l’après-midi à planifier nos futures journées sur le lac et finissons par nous rendre à la gare routière pour vérifier les possibilités de transport telles que nous le souhaitons. La tache s’avère plus ardue que prévue, les guichets étant fermés et personne ne sachant où se trouve le fichu bus que nous cherchons. On finit par abandonner et repousser cette épreuve au lendemain, puis, le temps de faire quelques courses, il est…trop tard pour sortir manger en ville. Ne manquant pas à la tradition russe, tous les restos nous montrent en effet porte close à 21 heures. Le Paris sibérien, vous avez dit? Hum, ça reste à prouver…

Irkoutsk

On rattrape le coup avec des pelmenis (raviolis sibériens) arrosés de crème aigre et de bière (avec de vertes remontrances de la part de la tenancière de l’hostel), pas trop au goût de Matthieu, mais bien au notre! Un nouveau partenaire de coinche plus tard, autrichien cette fois, et c’est reparti pour un tour de cartes.

Rebelote le lendemain à la gare routière, tour de tous les guichets possibles et inimaginables pour trouver un billet pour Bolchoié Golaoustnoié, petit village le long du Baïkal qui visiblement n’intéresse que nous, car il semble que ce soit un bus fantôme! On n’est pas loin d’abandonner nos idées de randonnée à partir de cet endroit quand, ô miracle, nous trouvons le fameux bus (décrépi) caché tout au fond d’un parking de l’autre coté de la gare… Et on arrive même à acheter des billets au chauffeur le plus mal aimable de la Terre, comprenant qu’il faut que nous soyons im-pé-ra-ti-ve-ment présents à 15h30 ici même, faute de quoi on pourra s’asseoir, mais sur nos billets. Fantastique, cela nous laisse quelques heures pour visiter Irkoutsk, après avoir réussi de façon beaucoup plus agréable et rapide à acheter nos futurs billets de train dans la foulée. Nous partons donc vers le centre, empruntant rues piétonnes rafraîchies par des fontaines, décorées de statues, où le kvas (boisson fermentée à base de pain de seigle pas mauvaise) se vend en quantité dans des petits tanks mobiles.

Irkoutsk

Irkoutsk

Une balade agréable, qui nous mène également dans des parcs, le long du fleuve venant du lac et à la rencontre d’églises bien différentes en style architectural et en couleur.

Irkoutsk

Puis il est déjà temps d’embarquer dans notre bus improbable, pas si inconnu que ça finalement, car rempli à craquer de locaux qui s’entassent dans l’allée principale pour les 3h de trajet une fois tous les sièges pleins. Le trajet fait un peu plus de 100 km, une bonne partie de piste en pleine forêt, une expérience! On débarque au village sur la « place » principale sans avoir idée de où nous loger et nous rendons auprès de l’épicerie du coin pour tenter notre chance auprès d’un habitant.

Baïkal

Bolchoié Golaoustnoié

C’est une aimable grand mère qui nous trouvera un genre de pension en bois bien sympa déjà fort remplie de jeunes mères russes avec leur marmaille pour la nuit. On dîne « à la russe », cornichons, saucisses, tomates et pain noir, le tout arrosé de bières et agrémentés par des morceaux de viande du barbecue de nos colocataires, qui ne parlent pas un mot d’anglais, mais sont fort enclines au partage. On tente des bribes de conversation, aussi bien avec les enfants curieux qu’avec leurs mères, mais c’est finalement Matthieu qui s’en tirera le mieux sans un seul mot de russe, bien après que l’on soit partis se coucher, les jeunes mères russes disposant d’une réserve de bière à partager insoupçonnable à notre arrivée!

Le réveil est donc plus ou moins facile selon chacun le lendemain, mais au final, nous voilà partis, sac au dos, bien tardivement, pour ce que nous pensons être une étape d’un trentaine de kilomètres jusqu’au village de Bolchié Koti. Les vaches divaguent dans les rues de Bolchoié Golaoustnoié, les maisons en bois se prolongent encore longtemps après le village et enfin, nous voilà sur les rives du lac.

Lac Baïkal

L’église de Bolchoié Golaoustnoié sur les rives du lac

Le paysage est beau, parsemé de points de vue sur les rives plus ou moins escarpées, entre falaises et pentes douces, le chemin bien marqué et l’endroit ressemble d’assez près au paradis du campeur et de l’amoureux de la nature.

Baïkal

Nous avons même la chance de croiser des phoques se prélassant sur des rochers proches du rivage, des grues magnifiques et quantités d’autres oiseaux dont nous ne connaissons malheureusement pas le nom.

Baïkal

La pause pique-nique sur une plage de galets dans cet endroit magique est bien agréable après les kilomètres déjà parcourus. Nous pensions rencontrer de nombreux randonneurs sur ce sentier, mais avons le plaisir d’être en fait quasiment seuls, hormis en un point où le bateau de croisière venu de Listvianka accoste pour vomir sa cinquantaine de passagers que nous croisons rapidement.

Baïkal

Lac Baïkal

Nous poursuivons notre chemin jusqu’à ce que les choses se gâtent. Un moment d’inattention nous a sans doute fait rater une bifurcation du chemin et nous voilà coincé au pied d’une falaise non franchissable au niveau de l’eau et bien dangereuse dans les hauteurs. Après plusieurs tentatives et réflexions, nous décidons de suivre un indice de taille (!), une bouteille scotchée à un arbre indiquant une vague direction dans la montagne, espérant réussir à contourner ce morceau de falaise par là. Et bien nous sommes passés, mais au prix de quelques sueurs froides et bonnes frayeurs, le genre de chemin où mieux vaut ne pas tomber si tu tiens à toi. Finalement au sommet, nous récupérons l’énorme sentier initial, que nous avons réussi à perdre par on-ne-sait-quel miracle et sommes tout de même récompensés par la plus belle vue du trajet qu’il nous ait été donné.

Baïkal

Motivés, il ne reste plus que quelques kilomètres devant nous, le temps passe, il faut avancer. Nouvelle difficulté: voilà que des panneaux « chemin dangereux », fléchés dans une direction apparaissent. Oui, c’est bien beau d’indiquer « chemin dangereux », encore faut-il proposer une alternative, or il n’y en a aucune de visible. On se dit qu’après ce qu’on vient de gravir, ça ne peut pas être pire et on y va. Forcément, une partie du chemin s’est effondrée en éboulis, il commence à pleuvoir, il commence à faire sombre, bref tous les éléments concordent pour semer la panique… Mais nous bravons les difficultés et continuons le chemin vaille que vaille, couverts de poussière, on ne va pas faire demi-tour si près du but.

Baïkal

Le but est en fait encore assez éloigné et nous atteignons le Saint-Graal, enfin, vers 20h30, heureusement que les jours d’été sont longs en Sibérie… On est claqués, on s’écroule dans une pension à l’autre bout du village sans même avoir le courage de se faire un bania récupérateur (genre de sauna russe), on dîne et au lit! On apprend aussi par Alexeï, le sympathique propriétaire de cet ensemble écolo en bois que cette étape se fait normalement en 2 jours, ou au moins, en partant très tôt le matin… On le saura, merci! Matthieu choisit de rentrer en bateau à Listvianka le lendemain, tandis que nous continuons à pied pour une étape de 20 kilomètres bien balisée, moins spectaculaire que la veille.

Lac Baïkal

Lac Baïkal

Autant le début de la portion emprunte le long du lac un joli sentier, autant celui-ci s’enfonce par la suite dans les terres en des tortillons qui grimpent à n’en plus finir sans aucune vue dégagée sur les alentours. Pour couronner le tout, nous prenons un orage monstrueux, rien de comparable aux quelques gouttes de la veille à environ une heure de l’arrivée, histoire de débarquer à Listvianka tous trempés et boueux.

Lac Baïkal

Bref, on a bien fait de faire le chemin de la veille, beaucoup plus intéressant niveau paysages! Un coup de mini bus local, les marchroutas, pour rentrer à Irkoutsk et nous rejoignons Matthieu dans un nouvel hostel bien planqué dans un immeuble bien soviétique, mais avec un accueil très sympathique. Bien claqués le soir, on sort dîner rapidement, mais n’avons pas le courage d’aller fêter la fin de cette randonnée dans le « quartier qui sort » d’Irkoutsk, l’appel du lit est plus fort!

Matthieu envolé vers les contrées françaises le matin, nous allons nous promener au district 130 de la ville, lieu de réunion des restaurants et bars que nous avons raté la veille.

Irkoutsk

La balade est sympa depuis notre logement, fontaines, bâtiments couleurs crèmes et nombre de statues émaillent de nouveau le trajet.

Irkoutsk

Irkoutsk

Le symbole d’Irkoutsk

On trouve un super restaurant de piroguis (genre de feuilletés fourrés) pour le déjeuner, à vouloir tester tous les goûts, on finit totalement rassasiés et on tente de faire passer cette nourriture roborative à l’aide d’un délicieux thé à la framboise. Il nous reste encore un peu de temps pour flâner dans la ville, puis il est l’heure de se diriger vers la gare où nous attend le train pour Krasnoiarsk, prochain stop de notre voyage transsibérien, adieu Irkoutsk!

La paire des « Oulan »

Pour nos derniers jours en Mongolie, on commence par le plus ennuyeux : « l’administratif ». La chose la plus importante : reprendre nos passeports laissés depuis plus de deux semaines à l’ambassade russe. Cinq minutes après avoir franchi son portail à l’architecture très soviétique, on est déjà dehors le sourire aux lèvres et les passeports en poche. Et surtout le visa russe à l’intérieur, enfin! On peut dire qu’il s’est fait désirer celui-là. On se fait au passage aborder par un couple d’autrichiens qui nous demandent si nous n’aurions pas des chevaux à vendre… On buggue un peu sur le coup (la nuit a été si courte que ça?!), puis on comprend: ils veulent traverser une partie du pays à cheval et cherchent donc d’autres touristes qui seraient sur le retour et chercheraient à revendre l’ensemble bête+matériel. N’ayant malheureusement pas la marchandise sous le coude, on leur souhaite bon courage dans leurs recherches!

Ulan Bator

La place Sukhbaatar décorée pour le Naadam

Seconde étape incontournable, l’achat des billets pour la suite du voyage, avec Matthieu qui continue avec nous jusqu’à Irkoutsk. Ici, deux options s’offrent à nous: le bus jusqu’à Oulan-Oude qui prend environ 12h passage de frontière inclus, ou le train de 30h sans le passage de frontière, sachant qu’il prend régulièrement 5h, et que c’est l’option la plus chère! La 1ère a donc notre préférence.
Discussion à l’auberge avec les tenanciers : tous les bus pour Ulan Ude sont complets jusqu’à lundi, sachant qu’on est vendredi et qu’on avait prévu de le prendre dimanche. Pas top. Apparemment il resterait quelques places de train le dimanche soir (samedi étant complet également). On n’est plus à Pékin!
On laisse Nicolas faire du shopping (des pantoufles en poils de yack) et destination la gare pour l’achat des billets, vu que l’auberge prend une commission assez importante. Mais une fois sur place, c’est de nouveau la douche froide : c’est complet, premier train lundi soir. Oui, oui, oui… Comment dire, Oulan-Bator, ce n’est pas vraiment la ville qui fait rêver, alors rester 3 jours sur place, bref vous l’aurez compris, on cherche à s’en aller assez vite.

Oulan Bator

Des dieux « cléments », mais vu leur tete, on va tacher de pas les facher…

On attrape rapidement un taxi dans la rue (plutôt une voiture qui passait par là) direction la gare de bus où nous sommes arrivés ce matin, bien excentrée. Les queues devant les guichets n’en finissant pas, on applique donc notre stratégie habituelle, chacun dans une file et on achète le tout à la plus rapide. Environ 45 minutes plus tard, on reprend la même voiture (!), avec trois billets pour lundi. Ouf! Ça aurait pu être pire.

On meublera le reste de la journée et de la soirée avec des bières aux pubs (le Grand Khan étant devenu notre QG) et un dîner au « mongolian barbecue » pas du tout mongol, mais qui ravira les papilles de tous (sauf quand on ne sait hélas pas doser la sauce piquante, hein Nico?). Le centre ville d’Oulan-Bator étant définitivement un petit milieu, on croise Robert (la TV, souvenez-vous!) avec sa femme et sa fille fraichement arrivés de Paris, Sacha étant lui reparti dans l’autre sens! Le jour suivant, nous nous sommes contentés du musée d’histoire national, tandis que Matthieu et Nico poursuivent par le monastère que nous avons déjà visité. Le musée se révèle riche et intéressant, tant sur l’histoire et les traditions du pays jusqu’à nos jours, que sur la diversité des peuples qui composent la Mongolie. De petites découvertes originales: des instruments vétérinaires anciens, suivis de livres de prières à réciter en cas d’échec du « traitement » ou afin d’assurer la réussite de celui-ci.

Oulan Bator

Mi-chamane, mi-vétérinaire, on ne trouve ça qu’ici!
Puis il est l’heure du dîner « d’adieu » avec Nico (qu’on retrouve dans 15 jours à Moscou), celui-ci nous quittant tôt le lendemain, où l’on se remplira le ventre à un « hot pot » coréen terrible jusqu’à plus faim.

Oulan Bator

Sur le trajet vers le Grand Khan (oui, toujours), rencontre improbable: nous recroisons le mongol avec qui nous avions discuté à la gare frontière d’Erlian en Chine en pleine nuit, qui nous avait épaté par son français et sa connaissance de notre histoire (le mercantilisme de Colbert, il faut y aller pour connaitre ça quand même). Quelle n’est pas notre surprise de le voir nous accoster dans la rue pour aller visiter un « musée » gratuit qui se trouve ici… Ce n’est pas lui mais un jeune, le petit fils du propriétaire de cette yourte-musée (reconvertie partiellement en restaurant) qui nous fait faire le tour de cet endroit improbable, meublé de magnifiques articles anciens en bois, instruments de musiques et autres antiquités.

Oulan Bator

Le lieu a été habité par un ancien ministre des affaires étrangères du début du siècle et a été « remodelé » pour atteindre son aspect actuel. Bref, une drôle de pause, bien amusante, qui nous permet d’acheter des cartes postales imprévues avant d’aller boire nos dernières vodkas mongoles pour accompagner nos parties de coinche!

Puis, pour le dernier jour à Oulan-bator, la météo étant peu engageante, nous ne nous pressons pas et tombons au gré de nos flâneries sur la famille de français rencontrés à Pékin et avec laquelle nous avions fait le trajet en transmongolien. Nathalie, Christophe et leurs 3 enfants reviennent d’un « marathon » de la yourte dans l’Arkhangaï et semblent enchantés de leurs multiples découvertes chez les nomades. Ils continuent également le trajet vers la Russie mais une semaine après nous, qui sait, peut être les recroiserons nous à Moscou? Bon voyage et bon vent pour la suite à eux en tout cas! Nous nous rendons ensuite à l’immense « marché noir » de la ville sous un temps maussade, énorme bazar où l’on peut acheter à peu près tout : des vêtements traditionnels ou de contrefaçon, des panneaux solaires, des selles de cheval, des meubles, des antiquités, etc.

Oulan Bator

C’est le lieu où acheter son casque à pointe de lutte, ses bottes de cheval ou son faux survêtement Adidas! Très populaire en tout cas!

Le voyage vers Oulan-Oude s’est fait sans encombre, dans un bus assez confortable selon les standards mongols. Les paysages sont par contre assez marquants. Jusqu’à la frontière, ce sont des steppes typiques qui déroulent à perte de vue, comme déjà expérimenté. Puis du côté russe, tout d’un coup, c’est la taïga : de vastes étendues collineuses et boisées. Malgré ce que l’on pourrait croire la frontière n’est pas là par hasard… Sans compter les habitations, dans de vraies villes, avec de charmants Kremlins, et des russes (au sens ethnique) partout, finies les yourtes. Un changement d’ambiance assez fort, on se croirait presque sur un nouveau continent. Mais c’est surtout le sentiment de la fin du voyage pour nous, a voir tout ces faciès européens.

Ulan Ude

A la gare d’Oulan Oude au soleil couchant

Arrivés à Oulan-Oude, capitale de la région de Bouriatie, on est très surpris : par la taille de la ville (énorme), son architecture, modernes par endroits, très typée « Europe de l’est » dans le centre piéton, avec de jolies maisons en bois typiquement sibériennes dans d’autres quartiers entiers, malheureusement un peu à l’abandon.

Ulan Ude

De grandes avenues rectilignes traversent la ville, entourés de bâtiments imposants couleur crème, le tout parsemé de fontaines qui font le bonheur des enfants par cette chaleur.

Ulan Ude

Devant l’opéra d’Oulan Oude

Ulan Ude

Et au milieu de tout ça, quelques yourtes perdues, la Bouriatie n’est pas encore très loin de la Mongolie. On retrouve tout de même des bâtiments soviétiques, parce que quand même, la ville est surtout connue pour abriter la plus grande tête de Lénine du monde. Et c’est vraie qu’elle n’est pas petite!

Ulan Ude

La séance de gainage du soir devant la tete de Lénine, la classe…

On sent également la Sibérie : bien qu’il fasse encore grand jour, à 21 heures tout est fermé, on a longtemps marché avant de trouver de quoi dîner. Et comme dans tous les pays, qu’est ce qui est toujours ouvert quand tout est fermé? Les fast-food et les chinois… On se retrouve donc à manger des Dim Sum (la spécialité de Hong Kong et Canton) sous influence mongole (vu la quantité de gras) accompagnés de Chachliks (brochettes russes), un joyeux mélange pour bien entamer la Russie!

Saint Trop’ sur Khovsgol

Après une bonne soirée finie tardivement en compagnie de Robert et Sacha, nous sommes réveillés de bonne heure par Nicolas et Matthieu arrivés très tôt de Moscou pour nous rejoindre sur un bout de notre périple. Ce week-end du 11-12 juillet a lieu le Naadam à Ulaanbaatar, la fête nationale et ses épreuves sportives « typiques ». La ville est déserte, car tous semblent avoir rejoint leurs familles respectives pour célébrer ces congés ou être au stade national pour la cérémonie d’ouverture des jeux. Mais on croise en revanche un nombre important de touristes « blancs » s’arrêtant pour l’événement sur le trajet Moscou – Pékin ou de passage avant leur tour dans la nature mongole.
Au niveau de notre petit groupe, la fatigue est au rendez vous, et après un petit déjeuner et un tour rapide de la ville, nous nous contenterons d’une sieste sur les canapés de la guesthouse devant les épreuves diffusée à la télé, avant de rejoindre Joël qui nous emmènera au bus de nuit, direction le lac de Khovsgol. 16h dans un bus totalement inconfortable, lumières allumées intempestivement sans motif à n’importe quelle heure, pauses pipi improbables au milieu de la steppe avec rappel au klaxon, notre pire trajet du voyage! Et il faut que ce soit avec Matthieu et Nicolas, dommage pour eux, mais au moins ils sont tout de suite dans le bain.

Une fois arrivés à bon port, dans la délicieuse bourgade de Moron (chaleureuse et accueillante pourraient être ses meilleures qualificatifs, ou pas…), notre guide, chef de famille de nos hôtes, nous récupère pour rejoindre Khatgal, où l’on s’installe dans la yourte tout confort, et sieste bienvenue après une nuit difficile. Au réveil, notre hôte nous amène au Naadam de la ville, dont nous verrons les finales de la lutte et la remise des prix des courses de chevaux.

Les bannières mongoles, appelées « tugh »

La pluie décide malheureusement de se mettre de la partie et nous fait quitter un peu précipitamment les lieux. Fort heureusement, nous avons à notre disposition la yourte de luxe, couvertures léopard et poêle à bois inclus! Nous attaquons donc l’une des nombreuses sessions « coinche » de cette semaine, allongés à la romaine (position préférée de notre tsar Nicolas III) ou sur nos petits tabourets.

Ne disposant pas d’interprète, la situation dans la soirée devient assez cocasse. Nous nous retrouvons invités pour dîner dans la maison en bois qui jouxte nos yourtes, mais pas par la famille de notre guide… Bon, la situation n’est à ce jour toujours pas très claire, mais il semblerait que logeaient dans cette maison une des cuisinières de l’agence Wind of Mongolia, son fils, son oncle et ses 3 filles. Un joyeux bazar, on vous dit. Tous fiers de nous, on arrive avec paquets de bonbons pour les enfants et vodka pour les plus grands, comme il est d’usage, et nous voilà pris à notre propre piège… La bouteille de vodka est aussitôt ouverte pour arroser les spaghettis bolognaise locaux (soit au mouton) et disparaît aussi bien dans nos verres que dans ceux de nos hôtes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Les choses ne s’arrêtent pas là, la brave famille mongole ne souhaitant pas être en reste (et célébrant probablement ses propres vacances) nous ouvre maintenant une bouteille de cognac russe! Le tout autour d’une conversation anglo-franco-russo-mongole, où l’on apprend que l’oncle est un médecin ayant appris sa discipline dans des bouquins russes et ayant servi au Soudan. Comme quoi, on arrive à en dire des choses avec 3 mots dans chaque langue! Enfin, une bonne soirée bien arrosée pour démarrer le séjour de nos deux compatriotes, histoire de se remettre du décalage horaire et des 16 heures de bus de façon optimale.

Pas de chance, le lendemain, la pluie  s’est transformée en déluge… Notre guide (que nous nommerons Bernardo par la suite, n’ayant jamais réussi à prononcer son nom mongol correctement) montre une certaine mine dépitée et propose un plan de secours: remplacer les 3 jours en itinérant initiaux avec cheval de bât par 2 jours (en espérant que la pluie se calmera) et faire simplement une petite boucle cet après-midi. On est pas si mal autour du poêle à jouer aux cartes, la solution nous semble donc correcte.

Dehors, c’est un peu la version mongole de la pataugeoire géante, les voitures s’embourbent dans des tranchées boueuses (ça fait beaucoup rire Bernardo), ça pousse, ça tire, ça crie et tout ça, toujours sous la pluie. Les conditions se calment enfin à mi-chemin de notre boucle, où nous découvrons le lac sous un ciel de plomb, mais sans gouttes.

La fine équipe avec en guest star « Bernardo » (Yaagana en réalité)

Surprise, nous voici au St-Tropez mongol! Il semblerait que toute la population du pays se soit donnée rendez-vous le long de la rive, dans des yourtes qui n’ont plus grand chose de traditionnel ou sous des tentes qui prennent l’eau. Le Khovsgol en pleines vacances nationales, c’est un peu la côte d’Azur sans les feux d’artifice et le soleil quoi, mais avec la boue et la pluie. On longe la rive en se disant qu’on est pas mal au fond du village, vu le bazar qui règne ici et l’ambiance « spéciale ». De vieilles ruines parsèment en effet le rivage,

ainsi que des bateaux soviétiques qui ont connu de meilleurs jours.

Presque St-Trop’, mais pas tout a fait quand même… La pluie décidant de revenir dans la soirée, on se console en apprenant à Bernardo qui nous observait avec curiosité le fameux jeu de carte internationalement connu, le « président-trou du cul », auquel il fait preuve d’une grande efficacité. Il semblerait qu’il n’en soit pas à son coup d’essai niveau cartes, la faute aux longues soirées d’hiver ici sans doute.

Pleins d’enthousiasme après cette soirée riche en projets divers (l’imagination débordante du tsar Nicolas III atteignant des sommets quand mixée à celle de ces comparses), nos sacs sont fin prêts pour partir le lendemain, tant pis pour la pluie! Malheureusement, c’était sans compter sur les événements aléatoires de l’organisation mongole, les chevaux censés nous accompagner en randonnée ayant tout bonnement décidé de se faire la malle. « L’orage, ras la casquette, on retourne dans nos steppes ». Bref, nous voilà à pied, avec une compréhension très vague de la situation et toujours sous l’eau. On prend alors la décision (qui s’avérera très peu judicieuse) de rentrer à Ulaanbaatar dès ce soir après avoir eu Joël au téléphone. Quelle idée avons nous eu là… Notre chauffeur nous dépose dans un bus quasi vide, sans billets, duquel le chauffeur, cette fois-ci du bus, nous fera descendre 2 heures plus tard, ayant décidé que le bus n’était finalement pas assez plein pour partir…  Nous voici donc largués sur le parking de la gare routière de la toujours « agréable » cité de Moron (si tu finis vivre ici, c’est que tu as mal agi), entourés de mongols Naadam-alcoolisés qui tentent de nous mettre dans des transports douteux à des prix qui le sont encore plus. Après moult recherches, on finit par négocier une voiture pas trop chère pour retourner à Khatgal, laissant tomber l’idée de retourner sur UB pour ce soir. Notre guide n’y comprend rien en nous voyant revenir, et se marre bien quand il finit par saisir l’histoire! Comment passer pour des « couillons » d’occidentaux quoi… Le ciel étant dégagé, on décide de partir pour une journée entière de grosse randonnée le lendemain, quitte à être revenus, et sans camping ni chevaux afin de ne pas retomber dans le même piège. En tout cas, les enfants de la famille sont ravis de nous voir revenir et font une java pas possible, pendant que nous sommes conviés sous la yourte de nos hôtes pour assister à la préparation du Khokhog, mélange de mouton et de légumes cuit aux pierres chaudes dans un chaudron. Un vrai festin, accompagné par quelques parties de cartes franco-mongoles au coin du poêle qui brûle comme un diable sous la yourte!

La chance nous sourit enfin le lendemain, le soleil est là, sur fond de beau ciel bleu! Ça tombe bien, on a 42 km à marcher (initialement prévu en 2 jours), ça sera mieux que sous la pluie. Notre guide part à un rythme de tous les diables à travers les collines, il semble que nous ayons été ambitieux sur l’étape du jour…

Le trajet de la première partie se déroule côté terre, entre épaisses forêts de résineux où l’on croise les troupeaux de yaks et grandes vallées le long de rivières asséchées.

Ce joli chemin bucolique rejoint malheureusement sur les derniers kilomètres une affreuse route poussiéreuse et bruyante qui mène à notre étape de mi-journée, un camp d’une ethnie locale vivant sous tipis avec des rennes, les Tsaatans.

Bon, c’est devenu un vrai attrape-touriste, les mongols en voiture s’arrêtent la pour se prendre en photos avec les rennes (moyennant finance bien sur), les tipis servent à vendre des souvenirs, aucun intérêt!!! On fera notre pause déjeuner un peu à l’écart, découvrant le pique-nique de luxe que Bernardo s’est porté jusque ici sans broncher malgré un bon dénivelé positif. Et puis, c’est reparti, on a encore un bout de chemin à faire! On rejoint les hauteurs du lac par des chemins de traverse en forêt et sur les collines, nous offrant des vues superbes sur celui ci.

En rejoignant la berge, surprise, quelle clarté de l’eau!

Du turquoise au bleu profond, si ce n’était la température, on se jetterait dedans. C’est un coup à malheureusement en ressortir aussi bleu que le lac… Le chemin longe ensuite la berge du lac sur plusieurs kilomètres dans une forêt magnifique, toutes ces vues superbes compensant notre déveine des premiers jours. Hélas, des ampoules ralentissent la démarche de notre bon tsar Nicolas, qui traîne la patte sur la fin de la journée, de même que Bernardo qui semble lui même fatigué de son propre rythme effréné. Ou alors est il pressé de rentrer jouer aux cartes? Il a en tout cas une technique imparable pour ne plus trop se charger: muni de sa petite tasse, il boit à chaque cours d’eau, à quoi bon la porter? Eau du lac qui sera testée et approuvée par Matthieu, qui préférera quand même mettre quelques pastilles assainissantes dedans, sait-on jamais. On est bien claqués en rentrant, mais ça en valait la peine.

Testée et approuvée

On ne trouvera pas la fameuse « yourte-disco » de Khatgal qui nous a bien esquinté les oreilles les 2 nuits précédentes, il semblerait que les vacances mongoles soient finies, pas un bruit ne troublera notre sommeil cette nuit… Nous sommes donc en pleine forme et (pas du tout) rouillés pour repartir vers Ulaanbaatar le lendemain, pour de vrai cette fois. A nous le bus de 16 heures qui te débarque à 5 heures du matin dans l’accueillant terrain vague qui sert de gare routière à UB! Chouette arrivée complétée par le squattage des bancs devant notre guesthouse le temps qu’elle ouvre (ou qu’on pense à frapper) et nous voilà enfin de retour…

Le Yosemite mongol

Le programme des deux prochains jours étant réservé à l’escalade, c’est donc un « guide » qui vient nous chercher à la guesthouse. A première vue, ce n’est pas vraiment un grimpeur, vu le ventre proéminent et les mains peu habituées au rocher, mais on verra bien. Une fois que l’équipe TV de Robert nous a rejoint, nous nous mettons en route pour Terelj, un parc national à 80 km d’Oulan-Bator. Avant d’arriver sur le site de grimpe, petit détour par la statue de Chinggis Khan, au beau milieu de… rien. On se demande pourquoi ils ont construit ça ici, d’autant plus que c’est tout récent (7 ans) et dans un style on ne peut plus kitsch. Mais ça a du succès au vu du nombre de bus de touristes stationnés devant, même si l’intérêt frôle le nul pour nous, à part Robert qui souhaite prendre quelques plans.

Direction ensuite le site de grimpe à proprement parlé. Le coin est grandiose, des collines parsemées de rocher sculpté, mais à y regarder de près, le caillou, de type granitique est très abrasif et très friable, dommage.

Le rocher de la tortue, le site phare du parc

Delphine, qui était venue il y a 8 ans de cela, ne reconnait plus l’endroit tant il est devenu touristique, puisque les camps de yourtes pour touristes se succèdent les uns après les autres derrière des clôtures privées…

Il y a même des golfs et des hôtels 5 étoiles! La notion de « parc naturel » est vraiment à géométrie variable entre les pays. On peut constituer deux groupes : le premier a pour but de conserver le patrimoine naturel, le second est une zone pour touristes dont le but est clairement lucratif…

Mais bon, on est ici pour grimper. Cependant, les choses se gâtent. Degee, notre guide, n’est pas venu depuis 2 ans, et entre les tours en voitures et les tentatives pour localiser les voies à pied, on mettra bien 4-5 heures avant de grimper! Finalement, le mur était situé sur un emplacement qui a été privatisé entre temps.

De plus, les voies ne sont grimpables qu’en moulinette, il n’y a pas assez de points pour être en tête. Joël n’a pas équipé les voies pour éviter que les mongols s’y lancent sans matériel, et éviter tout problème de responsabilité. D’après ce qu’on a pu voir dans l’Arkhangaï, ils en sont bien capables… Du coup il faut faire le tour et équiper les voies par le haut, ce que Degee se charge de faire de façon ultra sécuritaire, à tel point que les cordes frottent très fort. Finalement, lui-même ne grimpera pas, puisqu’en fait il n’a pas grimpé depuis 2 ans, au grand désespoir de Robert qui souhaitait le filmer. Qu’à cela ne tienne c’est donc nous qui le seront. Il y a peu de voies, 3 ou 4, sur du caillou plus solide et en deux parties : le bas très facile pour débutant complet, et le haut qui suit des fissures un temps puis des murs lisses, bref qui ont l’air non réalisés.

J’en ferai une et m’acharnerai dans une autre ou tout se joue sur 2 mètres finaux extrêmement techniques et difficiles. Nous avons passé la nuit sous tente, ce qui détonne avec les yourtes sur dalles de béton tout autour, mais l’ambiance dans le groupe est très sympathique. Le lendemain, la joyeuse troupe se lance dans une petite marche en attendant que les voies passent à l’ombre, puisqu’il fait une chaleur torride.

Le but est de voir les alentours, tourner des images, et trouver du rocher grimpable pour moi-même, car les voies sur lesquelles nous sommes sont les seules du coin!

Les paysages sont encore plus beaux vus d’en haut et le coin a beaucoup de potentiel niveau grimpe, malgré un caillou de qualité très inégale.

On grimpera encore 2 ou 3 heures, suivies d’interview par Robert, expérience très amusante, avant de plier bagages et de rentrer à UB dans les bouchons précédant le Naadam.

Grimper en moulinette c’est vraiment moche